« Dieu seul sait combien notre univers compte de mystères et d’énigmes inaccessibles à notre compréhension. C’est peut-être pour cela que nous nous attachons tant à ce qui est visible, concret, palpable, pour ne pas dire matériel…, tout en gardant une certaine part de rêve sans laquelle la vie ne serait pas ce qu’elle est. Sur notre Terre, il est des phénomènes très concrets qui étonnent nos yeux mais qui échappent presque totalement à notre entendement. Parmi eux, les mystérieux crop circles…
Pourquoi un terme anglo-saxon, un de plus ? Tout simplement parce que ce phénomène se manifestait surtout en Angleterre avant d’apparaître ailleurs dans le monde. Pour schématiser, il s’agit de cercles qui se forment dans des champs de céréales vers la fin de leur croissance, c’est-à-dire au printemps et au début de l’été. En français, nous pouvons dire « agroglyphes ». Nul ne sait qui les réalise, et ce que l’on en sait montre qu’il nous faudrait des moyens techniques très sophistiqués pour tenter d’égaler leur perfection et la rapidité de leur exécution !
Tout agriculteur sait que la plupart des céréales, quand l’épi s’alourdit, ont une fâcheuse tendance à verser. Après un coup de vent, il n’est pas exceptionnel de voir des zones plus ou moins grandes, plus ou moins arrondies, de blés ou d’orges couchés. Inventer des variétés qui ne versent pas fait partie des objectifs des chercheurs en génie génétique, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici.
Depuis une quarantaine d’années, on peut voir dans certains champs des figures géométriques régulières, à l’intérieur desquelles les céréales sont couchées d’une façon très particulière, bien différente de celle évoquée ci-dessus. Au début, les formes étaient essentiellement des cercles parfaits, ou des groupes de cercles, mesurant chacun quelques mètres de diamètre. Les années passant, les figures se sont multipliées et complexifiées, avec toujours une perfection extrême dans leur tracé et dans les détails de leur exécution, bien que certaines puissent maintenant atteindre la taille d’un, voire de plusieurs terrains de football !
Un professeur de lycée technique de la banlieue de Londres a remarqué que certaines de ces figures reprenaient le tracé exact de planches d’un vieil ouvrage de technologie. Il s’est passionné pour ce phénomène et les observations qu’il a pu faire sur le terrain sont en partie reprises ici. En échangeant avec d’autres observateurs, il s’est aperçu que la complexité du phénomène était telle que chaque chercheur pouvait faire des observations propres à sa discipline. C’est dire si ce mystère mériterait une commission d’étude pluridisciplinaire pour tenter de l’élucider. De plus, certains chercheurs ont eu l’impression que certains agroglyphes semblaient être la réponse à une question qu’ils se posaient deux ou trois jours avant leur formation ! Comme si l’intelligence qui les réalise percevait, d’une façon ou d’une autre, les pensées des principaux observateurs… !
Pourtant, bien que le phénomène se produise surtout en Angleterre, la plupart des Anglais croient qu’il s’agit d’un jeu ou d’un passe-temps de quelques oisifs, aussi simple que de dessiner des figures sur les plages avec des galets ! Ils ne s’intéressent donc pas vraiment à leurs crop circles, et c’est l’un des paradoxes de cette affaire.
Il est vrai que certains sont des faux. La télévision a pu montrer deux papys farceurs couchant laborieusement, avec des planches, quelques mètres carrés de céréales. Des tracés complets ont également pu être réalisés pour les besoins du cinéma ou pour des publicitaires, dont un constructeur automobile français. Ces derniers sont créés à l’écart du public, dans des régions où il n’y a jamais eu de vrai crop circle, et ils sont détruits aussitôt après. Bien entendu, le cultivateur a donné son accord préalable et il est indemnisé, ce qui n’est évidemment pas le cas dans le contexte des vrais agroglyphes. Il est même arrivé que de vrais crop circles soient restés inachevés, sans que l’on sache pourquoi, et que des faussaires aient essayé de les terminer pour s’en attribuer la création. La différence entre les parties authentiques et les autres étaient tellement évidentes que les faussaires n’étaient pas crédibles.

Comment reconnaît-on un vrai crop circle ? Tout d’abord, il se forme extrêmement rapidement et discrètement, souvent la nuit mais parfois de jour. Une figure de la taille d’un terrain de sport peut apparaître en quelques minutes ! Chaque printemps, des observateurs se postent à proximité des lieux où il s’en est le plus souvent formé les années précédentes, dans l’espoir d’en apercevoir la création. La plupart du temps, ils sont assoupis au moment critique. Parfois, la figure se forme sous leurs yeux, mais sans que la cause soit visible ou audible.
Il faut pourtant citer une vidéo amateur qui montre, exceptionnellement, deux petites boules de lumière qui virevoltent au-dessus d’un agroglyphe en formation, mais on ne peut affirmer qu’elles en sont la cause. Ces boules font penser à ce que les pilotes de chasse de la dernière guerre mondiale appelaient « les chasseurs fous » : des boules lumineuses d’environ soixante centimètres de diamètre qui virevoltaient entre les avions ennemis, pendant les combats aériens, sans jamais sembler prendre partie pour un camp ou pour un autre. Il pouvait arriver que des boules traversent les habitacles, sans dommage pour personne. Plusieurs pilotes ont également rapporté la sensation de se sentir observés depuis ces sphères… Encore un mystère inexpliqué.
À l’extrême rapidité d’exécution des agroglyphes s’ajoute la perfection technique. Toutes les tiges d’une même figure sont pliées au même endroit, au niveau du premier nœud de la tige. Si c’est, parfois, au deuxième nœud, il en est de même pour toutes les tiges de la même figure. Le nœud est comme éclaté mais la plante continue à vivre. Même couchée, elle va porter ses graines jusqu’à leur complète maturité. Les grains seront plus petits que la normale mais ils auront un pouvoir de germination égal ou supérieur aux autres grains du même champ.
La zone couchée présente le même aspect que celui des algues qui ondulent dans le courant d’un ruisseau ; c’est comme si de l’eau courait en cercles dans le champ. Toutes les tiges d’une zone couchée sont orientées dans le même sens. Pourtant, à la limite des zones couchées et des zones intactes, une fine rangée de tiges est couchée en sens inverse. Au centre des cercles couchés, il est fréquent d’observer une tige ou une touffe de tiges intacte.
Cette réalisation en cercles n’empêche pas les dessins les plus complexes, faits de courbes et de segments de droites, dont certains sont de véritables œuvres d’art. Autre détail significatif, il est fréquent d’observer une série de tiges couchées dessinant une ligne qui part de la figure en se rétrécissant, comme si un peintre au pistolet avait fermé le robinet au dernier moment et que le jet de peinture s’était éteint au-delà de la surface traitée.
Des travaux en laboratoire ont été entrepris pour essayer de reproduire les effets sur les nœuds des plantes. Il faut une température instantanée de plusieurs centaines de degrés, pendant une fraction de seconde, de type micro-ondes, pour éclater les nœuds de la même façon sans tuer les plantes. Et il faut une température encore plus forte pour éclater les pierres comme celles que l’on peut trouver dans les agroglyphes. D’autre part, il est troublant, à deux exceptions près, qu’il n’ait jamais été trouvé d’animaux dans les formations. L’unique hérisson, cuit, était peut-être mort avant. Les moucherons, dans le second cas, avaient tous la langue collée aux tiges.
Les vrais crop circles ont encore cette caractéristique : il n’est pas rare, l’hiver suivant, de voir le dessin persister sur la neige qui recouvre la terre labourée. Cette particularité s’ajoute aux résultats des mesures faites avec divers appareils dans les jours qui suivent leur formation.
La plupart des crop circles se situent dans une région précise du sud de l’Angleterre, près de sites mégalithiques ou de la même époque. Avec le temps, on a pu commencer à en observer quelques-uns en France, en Allemagne, en Europe centrale, au Canada et dans quelques autres pays. On a aussi pu voir des figures du même type se former sur du sable…
Nous sommes donc en présence d’un phénomène complexe, concret, esthétiquement beau, qui se produit depuis près de quarante ans, et qui est pourtant inexpliqué puisque nous n’arrivons pas à en connaître l’auteur, pas plus que la technique et l’énergie utilisées, et encore moins le sens. S’agit-il de messages destinés à éveiller notre conscience, bien que la majorité de nos contemporains ignorent encore leur existence ? Il est curieux de constater que, à quelques années près, ce phénomène est contemporain de la révélation au grand public des expériences dites « de Mort Imminente » (EMI ou NDE). Dans les deux cas, ces phénomènes existaient bien avant mais ils étaient peu nombreux et quasiment confidentiels.
Que pourrions-nous donc en conclure ? Que l’inexpliqué frappe à la porte de nos consciences, comme pour nous poser une question ? Quoi qu’il en soit, libre à chacun de nous de détourner les yeux ou, s’il le peut, de chercher des réponses, et de tenter de donner un sens à tout cela. »
Par Bernard Baudras, conférencier officiel de l’A.M.O.R.C., tiré de la Revue « Rose-Croix » n° 233, printemps 2010.