Le comportement d’un individu doit refléter ses idéaux. Quelles que soient nos croyances, elles doivent être indiquées par la voie que nous suivons : ceci parce que nous vivons dans un monde dans lequel nous sommes nécessairement jugés objectivement. Si vous rencontrez un individu dans la rue, en société ou en affaires, vous arrivez à faire une estimation de sa personne. Vous aboutissez à des conclusions définies le concernant, selon la façon dont il agit – en d’autres termes, en observant son comportement. Il est vrai que des erreurs de jugement peuvent être faites en essayant d’arriver à des conclusions concernant le caractère de l’individu, ses capacités ou ses idéaux, en se basant strictement sur l’examen de sa conduite, mais c’est néanmoins un fait reconnu que nous sommes davantage jugés sur notre comportement que sur nos idéaux. En conséquence, il entre dans la responsabilité de chacun de refléter les idéaux qui sont sa conviction, non seulement en paroles, mais aussi par l’exemple.
Il y a environ une centaine d’années, Ralph Waldo Emerson écrivait :
« Il est aisé, dans le monde, de vivre selon l’opinion du monde ; il est aisé, dans la solitude, de vivre selon ses idées ; mais grand est celui qui, au milieu de la foule, conserve l’indépendance de la solitude ».
Cette observation est, dans son essence, le résumé du principe que nous expliquons ici. Il est si facile, en société, de s’adapter à un comportement général qui n’attire pas particulièrement l’attention, et nous sentons que, si on le remarque, l’opinion nous sera favorable. « Hurlez avec les loups » : ce proverbe dirige la façon moderne de vivre.
Certains pensent qu’il est essentiel, dans la vie, d’être capable de faire les mêmes choses qu’autrui. Ce concept est une erreur lorsque les efforts pour agir comme les autres sont dirigés si exclusivement vers ce seul but que valeurs et idéaux sont oubliés ; en d’autres termes, quand une personne devient anxieuse d’imiter un voisin ou un ami, au point d’en oublier d’atteindre son propre but, la chose en elle-même devient alors une erreur, puisque les efforts sont dirigés vers une réalisation objective plutôt que vers l’application de valeurs et d’idéaux élevés.
Emerson disait que l’homme grand est celui qui peut vivre dans les complexités qui l’environnent, tout en restant attaché à son idéal ; il maintient un point de vue indépendant qu’il peut conserver aisément dans le monde où il vit. C’est une attitude exemplaire que de mettre en pratique ses convictions, de soutenir les opinions et les serments auxquels nous avons souscrit. Ceux qui sont à nos côtés peuvent alors voir, par notre comportement, que les idéaux dont nous parlons de temps en temps sont plus profondément enracinés en nous que ne le montrerait une simple répétition d’affirmations souvent creuses et sans signification.
Il est évidemment essentiel, pour chaque individu intelligent, d’analyser impartialement la solidité et les bases de ses convictions. Elles doivent être établies sur des principes qui ont été jugés à leur juste valeur. Refléter les opinions d’une autre personne ou accepter les opinions ou les dogmes qu’une personne ou un groupe de personnes a établis, ne peut être considéré comme une conviction fondamentale dont la sincérité et l’idéalisme vrai constituent la base.
Chacun, consciemment ou non, possède une philosophie de la vie. Si cette philosophie est constructive, elle tend à l’évolution au moyen des expériences de la vie. Les idéaux qui permettent d’atteindre ce but se rapprochent des vertus et des principes qui ont toujours constitué les règles de la morale à diverses époques et en des lieux différents. Pratiquer l’honnêteté, l’intégrité, la vertu et la justice semble être une chose simple, tant que l’on souscrit à ces idéaux en esprit, comme à de simples coutumes. Pour donner à ces qualités la valeur d’un idéal véritable, il est nécessaire de les refléter dans sa façon d’agir vis-à-vis d’autrui. Nous devons vivre de telle sorte que, dans notre conduite, l’importance et l’essence de nos idéaux se révèlent constamment.
Le Rosicrucien souscrit aux idéaux les plus nobles que l’homme puisse concevoir. Il croit en l’existence de valeurs et de réalités qui demeurent au-delà de la limite ordinaire de nos facultés objectives. Il tient certaines vérités et certains principes comme plus importants que toute possession physique. Son comportement ne le place pas en marge de la société dans laquelle il évolue : il se montre fermement attaché aux idéaux qui lui sont propres et, de plus, il s’y conforme dans toutes ses relations avec autrui. Ceux qui sont à même de comprendre et ceux qui sont réellement impressionnés par un tel comportement, réalisent que les idéaux ainsi mis en pratique, et que la philosophie rosicrucienne enseigne, sont de haute valeur.
C’est une obligation, pour chacun de ceux qui se réclament de ces idéaux élevés, d’essayer consciencieusement de voir si leur conduite les reflète. Il est difficile de nous examiner nous-mêmes d’un point de vue objectif, mais analyser honnêtement comment nous apparaissons aux autres nous apporte une preuve de la validité de nos idéaux et de leur importance véritable pour notre être intérieur.
par Cecil A. Poole