« Qu’est-ce que la Conscience cosmique ? Pour répondre à cette question, je souhaite d’abord préciser qu’elle n’est pas une substance, mais une essence. Elle est un attribut de l’Âme universelle, laquelle est une émanation de l’Intelligence divine. Nous ne devons donc pas la séparer de toutes les formes de conscience qui s’expriment dans l’univers par le biais des êtres vivants qui le peuplent. Autrement dit, la Conscience cosmique doit toujours être associée aux véhicules qu’elle utilise pour se manifester, quelle que soit la simplicité ou la complexité de ces véhicules. Sur Terre, ils varient depuis la plus petite créature vivante jusqu’à la plus élaborée : l’être humain.
On peut donc dire que c’est la Conscience cosmique qui incite les êtres vivants à évoluer vers la perfection de leur propre nature. C’est grâce à elle qu’ils perçoivent leur environnement et qu’ils réagissent aux conditions extérieures qu’ils rencontrent dans leur milieu d’évolution. Sous son impulsion, ils attirent ce qui est en harmonie avec eux et utilisent ce qui leur procure un certain bien-être physique. À l’inverse, ils repoussent ce qui les perturbe ou ce qui est une menace pour leur intégrité. En ce sens, nous pouvons dire que la forme vivante la plus élémentaire fait preuve d’intelligence, car la Conscience cosmique qui est en elle la pousse à manifester au mieux les attributs divins que sa nature, aussi primitive soit elle, lui permet d’exprimer.
Au fur et à mesure de son évolution, c’est-à-dire au fur et à mesure de son adaptation progressive à l’environnement et de la maîtrise qu’il exerce sur lui, tout être vivant, aussi élémentaire soit-il, développe une plus grande et une meilleure utilisation des attributs que la Conscience cosmique peut manifester à travers lui. Ainsi, grâce à lui, cette Conscience s’enrichit elle-même dans l’expérimentation de son potentiel de pouvoir et d’intelligence. Finalement, en parcourant la chaîne infinie des créatures vivantes, elle en arrive à imprégner des formes de vie de plus en plus évoluées, c’est-à-dire de plus en plus conscientes du Divin, en vue de réaliser un jour la perfection qui leur est propre.
Les remarques précédentes ne doivent pas laisser supposer que la Conscience cosmique a une nature imparfaite et limitée. Ce qui l’est, c’est simplement et uniquement la manière dont chaque créature vivante en exprime les attributs. Autrement dit, la Conscience cosmique est parfaite en elle-même, et cette perfection absolue imprègne de la même manière tous les êtres vivants. Leur imperfection apparente réside dans le fait que chacun d’eux n’exprime qu’une partie plus ou moins grande des attributs de la Conscience cosmique. Cela revient à dire que tous prennent graduellement conscience de la Conscience cosmique qui les anime, et que c’est cette prise de conscience qui est plus ou moins limitée.
Sur Terre, l’homme est la créature vivante qui est en mesure d’exprimer le mieux la grandeur de la Conscience cosmique. Elle se manifeste en lui selon trois plans principaux de conscience. En premier lieu, il perçoit son environnement par l’intermédiaire de la conscience objective, laquelle comporte un aspect purement objectif et un aspect subjectif. Le premier concerne les impulsions ou les messages que nous recevons par l’intermédiaire de nos cinq sens physiques, à savoir la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat. Le second correspond à des facultés comme le raisonnement, la mémoire et l’imagination. En second lieu, l’homme est doué d’un subconscient qui dirige et contrôle les fonctions involontaires, rend possibles les actes volontaires, et harmonise le fonctionnement de toutes nos facultés psychiques. En troisième lieu, l’homme possède en lui la Conscience cosmique, dans son état le plus pur.
En fait, les trois plans de conscience auxquels je viens de me référer forment une unité en l’homme. Néanmoins, ce n’est que par l’intermédiaire du subconscient que nous pouvons avoir accès à la Conscience cosmique, dans son expression la plus parfaite. Pour cela, nous devons apprendre à nous connaître nous-mêmes et à pénétrer au plus profond de notre être. Progressivement, il faut nous élever au-delà du plan objectif, afin d’utiliser notre subconscient comme intermédiaire entre notre moi humain et le Plan divin. Cette élévation intérieure correspond à un contact avec ce qu’il y a de plus sublime en nous, à savoir la Perfection divine incarnée en l’homme. À ce niveau ultime, nous pouvons communier avec ce que la Conscience cosmique peut nous transmettre de plus pur. Dès lors, les limites du temps et de l’espace sont affranchies. Seules existent la Transcendance, l’Immanence et la Permanence.
Il est impossible de décrire précisément l’état qui résulte d’une communion avec la Conscience cosmique, car elle transcende toutes les impressions inhérentes au monde terrestre. Par ailleurs, si une telle communion plonge effectivement l’âme humaine dans un océan de perfection, cela ne signifie pas qu’il s’agit là de la Perfection absolue. Par une telle expérience, l’homme accède au niveau de compréhension le plus élevé qu’il peut atteindre en tant qu’être incarné, mais même à ce niveau, il ne communie qu’avec l’un des aspects de cette Perfection. J’ajouterai que cet état sublime est temporaire, car il est impossible de se maintenir en permanence à un tel plan de conscience.
Il est important de comprendre que l’être humain, c’est-à-dire chacun d’entre nous, doit servir la Conscience cosmique tout en apprenant à se servir d’elle. Pour cela, il importe de diriger nos pensées et nos actions vers des centres d’intérêt aussi élevés que possible. Et s’il est vrai que nous ne pouvons pas accéder à la Conscience comique au moyen de la conscience objective, celle-ci doit être néanmoins orientée le plus souvent possible vers des activités constructives. Ce n’est qu’à cette condition que nous pouvons franchir les portails de notre subconscient pour accéder finalement à la Conscience cosmique. Ainsi donc, le but ultime de notre évolution spirituelle est de remonter le flux de la Conscience cosmique qui s’écoule en nous, et de nous élever depuis le monde illusoire de son expression terrestre jusqu’à la pureté de sa Source divine.
En conclusion, je dirai que lorsqu’un être humain parvient à faire l’expérience de la Conscience cosmique, il a réalisé sa conscience du Cosmique ou, si vous préférez, du Divin. Cet état de réalisation est celui auquel aspirent tous les mystiques en général et tous les Rosicruciens en particulier. Il est le point culminant de l’évolution de l’homme à travers la longue chaîne des vies terrestres. En fait, il correspond à l’état de conscience que tout individu doit un jour ou l’autre expérimenter. L’ayant fait, il n’est plus dans l’obligation de se réincarner sur Terre. Pour l’atteindre, il nous faudra encore beaucoup apprendre. Durant longtemps, une vie succédera à une autre mais un jour… »
Par Christian Bernard, extrait de « Réflexions rosicruciennes ».