« Quand le magnétisme humain — on disait en ce temps-là animal — fut connu du grand public en Allemagne d’abord, puis en France avant la Révolution, on ne savait pas qu’il était l’apanage des initiés qui l’employaient depuis fort longtemps, mais se gardaient bien d’en donner le secret à la foule, car « il ne faut pas jeter les perles aux pourceaux ».
Paracelse passe pour avoir possédé un pouvoir magnétique considérable et toute sa thérapeutique s’en ressent. Subissant une éclipse, l’idée du magnétisme fut de nouveau placée en lumière par les pratiques de Mesmer, médecin allemand du XVIIIe siècle. L’immense renommée que lui valurent ses écrits et ses nombreuses guérisons faites à travers toute l’Europe et plus particulièrement en France, provoqua l’intérêt et de violentes critiques.
Le maître comme ses disciples obtenaient d’indéniables résultats ; leurs successeurs : Puységur, Deleuze, Lafontaine, Du Potet et tant d’autres, tous gens connus honorablement pour leur pondération et leur objectivité, essayèrent de convaincre leurs adversaires, plus ou moins acharnés, de l’existence du magnétisme. Ils n’y parvinrent pas toujours, mais ils firent de très nombreux adeptes et contribuèrent à la fondation, par le médecin baron Du Potet, de l’École Française de Magnétisme. Son livre qui, outre sa théorie personnelle, relate les luttes de cette époque (1830), est devenu un classique de la question et est lu par tous les étudiants curieux de cette branche de la science.
De nos jours, nombreux sont les praticiens qui opèrent avec succès et demandent avec ténacité leur reconnaissance officielle en tant qu’auxiliaires médicaux. Je leur souhaite d’obtenir bien vite satisfaction, car le magnétisme est un agent thérapeutique puissant possédant tous les avantages de la transfusion sanguine, sans en avoir les inconvénients.
Tout être vivant rayonne une force apparentée au magnétisme par analogie à cette pierre d’aimant d’Asie Mineure qui attire ou repousse.
D’où vient cette force ? Est-ce un fluide nerveux selon la thèse des magnétiseurs ? Est-ce une électricité musculaire produite par les mouvements ? Il en est du magnétisme comme de l’électricité ; on en constate les effets ; on n’en connaît ni la source ni l’origine.
Le fait est pourtant vérifiable. À l’approche de quelqu’un, on se sent content, irrité ou calme, selon que son magnétisme s’accorde ou non avec le nôtre. On a pu obtenir de curieuses photographies sur plaques extra-sensibles du rayonnement magnétique des mains d’un puissant émetteur, sous forme d’un système pileux abondant. On a même remarque que, si les effluves étaient grands chez les bien portants, ils devenaient très pauvres dans le cas de déficience physique pour être à peu près nuls à la mort.
Rien de plus naturel si nous songeons que le magnétisme paraît être une réserve d’énergie dans laquelle puise l’organisme selon ses besoins, d’où il s’ensuit qu’il doit faire partie de ces ≪ forces végétatives ≫ opérant pendant le sommeil pour réparer les dégâts causés par la fatigue.
Si le monde inanimé paraît régi par la Loi de Moindre Action, il n’en est pas de même dans le monde organique, fut-ce dans une simple culture de bactéries. La nécessite de croître et de multiplier provoque une accumulation de substance à très haut potentiel chimique et calorifique, qui agit du dedans vers le dehors, d’où le pouvoir, pour l’homme, de transmettre cet excédent par voie fluidique à son prochain.
Par quels moyens ? Ils sont nombreux et fort différents. Spontanément, le corps humain rayonne ce magnétisme par les doigts, car les pointes, on le sait, sont d’excellents conducteurs ; mais le regard, expression de notre volonté, est aussi un émetteur d’énergie et le simple fait de regarder une personne à la base de la nuque dans un but bien déterminé peut la troubler et la faire vaciller.
Les procédés magnétiques sont les passes (passage de la main détendue a quelques centimètres du corps), peu utilisées de nos jours ; les frictions, qui ne diffèrent du massage que par leur direction et surtout l’imposition (présentation de la main a une dizaine de centimètres d’un organe malade) et le souffle chaud, puissant régénérateur de l’organisme.
Les conditions requises pour être bon magnétiseur sont :
- La volonté de faire le bien.
- Une excellente santé.
- Des conditions de vie saine et simple.
J’ajouterai, selon mon expérience personnelle, que les hypotendus feront bien de s’abstenir de magnétiser leurs semblables, car ils s’épuisent rapidement, tandis que les hypertendus auront des chances, ce faisant, de voir baisser leur tension sans dommage pour eux, bien au contraire !
Le chirurgien Victor Pauchet ne craignait pas, après ses opérations, de recourir aux magnétiseurs pour accélérer la cicatrisation des plaies. Certains praticiens ont la propriété de dégager du froid alors qu’habituellement on dégage de la chaleur, d’où une classification en opérateurs toniques et opérateurs calmants.
Magnétiser n’est pas sans danger, car on peut s’épuiser rapidement ou ressentir les maux des patients. Il faut donc savoir se dégager par divers procédés et se recharger par des exercices de respiration profonde.
Les applications thérapeutiques sont nombreuses et variées, mais le succès dépend essentiellement de l’accord entre l’opérateur et le sujet, et il peut fort bien arriver qu’un praticien obtienne un résultat là où un autre aura échoué. En tout cas, il va de soi que le médecin doit être consulté d’abord et il serait à souhaiter qu’il pût toujours contrôler ce genre de traitement, ce que ne permet pas actuellement l’Ordre des Médecins.
On obtient aussi par magnétisation d’autres phénomènes forts curieux, tels que la momification d’organes ou de morceaux de chair dont la putréfaction est ainsi arrêtée, ou, au contraire, l’accélération de la croissance des plantes. Je me souviens de petits poissons momifiés par magnétisme, gardant leur forme et leurs jolies couleurs, qui ressemblaient bien davantage à des bibelots d’étagère qu’à des poissons morts.
L’une des propriétés du magnétisme qui n’est pas la moins curieuse est celle de se propager à des distances considérables. Nous nous trouverons là en compétition avec les hypnotiseurs, car une autre thèse prétend que la volonté, sans fluide, peut s’exercer à distance. Je n’entrerai pas dans ces querelles d’école. Qu’il me suffise de rappeler que le guérisseur Parlange magnétisa de Paris une côtelette qui se trouvait à Toulouse ; ceci n’est pas fait pour nous surprendre si nous connaissons la possibilité pour l’homme de se dédoubler, c’est-à-dire de dégager son double fluidique de son corps physique et de le projeter très loin de l’endroit où ce dernier repose.
Nous nous souvenons de certaines expériences faites par Anne Osmont au cours desquelles elle « vit » des choses qu’elle ne s’attendait pas à trouver.
Lui ayant parlé de mon inquiétude concernant la santé d’un ami qu’elle ne connaissait pas, elle voulut aller le soigner la nuit en se dédoublant, ce qu’elle faisait assez facilement. Elle me demanda ensuite ce que pouvait bien être cet objet brillant qui se trouvait sur un meuble et qui ressemblait à un bras : c’était une lampe d’architecte à pied métallique articulé.
Une autre fois, recevant la lettre éplorée d’une de ses élèves qui se trouvait à Constantinople et dont le mari était gravement malade, elle voulut aller le soigner dans la nuit suivante ; elle fut, me dit-elle, toute perdue, car elle voyait une statue brillante en pays d’Islam. Renseignements pris, c’était la statue en bronze doré de Kemal Atatürk.
Alors que je n’avais pas prévenu de l’expérience qui allait être tentée, le sujet avec lequel je travaillais, celui-ci à l’heure fixée d’avance fut endormi à Paris par un médecin ami qui se trouvait en Avignon.
Chez Stanislas de Guaïta, Anne Osmont assista un jour à une expérience qui faillit tourner très mal. Un Hindou essaya de faire déplacer un stylet sans contact sur une distance d’un ou deux mètres ; quand le stylet fut en mouvement, un journaliste présent et sceptique se précipita pour couper « le fil » qui, prétendait-il, reliait l’objet à l’expérimentateur. Il n’y avait pas de fil au sens matériel du terme, mais il y avait un lien fluidique et la rupture de celui-ci provoqua l’évanouissement de l’Hindou, ce qui valut à l’imprudent d’être jeté dehors.
Il n’est pas impossible qu’un jour les savants constatent chez l’homme qu’un phénomène analogue à la désintégration atomique libère une énergie qu’ils baptiseront d’un nom conforme à leurs goûts, car la désoccultation de l’occulte se poursuit depuis un bon demi-siècle. Des sciences, dites autrefois conjecturales, s’intègrent dans les sciences d’observation et forment des branches adoptées de la psychologie. Tel est le cas de la Morphopsychologie et de la Graphologie.
Puisque, selon saint Mathieu, « Tout ce qui est caché sera révélé », l’humanité fera encore de troublantes découvertes que les initiés ont connues de longue date. Espérons que les hommes n’en mésuseront pas comme ils l’ont fait depuis cent ans. »
Article écrit par Jeanne Dumonceau, extrait de la « Revue Rose-Croix » n°8 du 21/12/1953