« Au début de notre vie, il suffit de regarder un nouveau-né pour s’en convaincre, nous vivons notre existence de manière sereine dans la simple joie d’être ! Cette attitude, qui est celle du moi naturel, va petit à petit laisser la place à une autre facette, le moi conditionné : l’ego. À cause de notre identification à l’ego, nous vivons séparés de notre être essentiel, ce qui est une source d’angoisse et d’états négatifs accompagnant ce sentiment : appréhension, stress, désarroi ; et là où il y a conflit, il y a douleur ! Il est alors urgent de prendre du recul.
Constatons-le, notre culture de l’avoir ne nous rend pas heureux ! Oui, le monde dans lequel nous vivons est terrible, la crise, les guerres nous font désespérer de l’humanité d’aujourd’hui. Pourtant, et nous le savons, il existe des îlots de bonté, de force spirituelle : ils ne font guère parler d’eux, ils sont, simplement, et agissent pour le bien. Ceux qui font du mal sont tout naturellement malheureux, en souffrance, et sont à plaindre plus qu’à blâmer ! Un homme pessimiste voit partout dans le monde des signes négatifs qui confirment son pessimisme. Un optimiste voit partout dans le monde des signes d’espoir qui confirment son optimisme. La force de ces croyances ira jusqu’à produire les événements qui les confirmeront !
Vivre est un art, il faut apprendre à vivre, à adopter les attitudes justes pour progresser et se réaliser pleinement, fuir les extrêmes. La sagesse est dans la mesure et dans la subtilité. Le monde n’est ni à conquérir, ni à mépriser ! Profitons de ce que la vie nous donne d’agréable, mais ne nous y attachons pas de manière excessive. Soyons prêts à perdre ce qui nous a été donné. Cette attitude juste procure ce que l’on appelle l’équanimité : une distance sereine face aux événements de la vie, agréables ou douloureux. Les émotions ne nous submergent plus au point de nous faire perdre l’amour et la joie de vivre. L’anxiété face à l’abandon des vieux schémas comportementaux correspond à une peur de l’inconnu et de la renaissance qui suit. L’identification à l’ego disparaît lorsqu’on apprend à s’identifier à des plans plus profonds, car l’ego nous maintient sous son emprise en nous faisant croire que nous sommes impuissants et démunis.
Alors cessons d’être aveuglés par le soleil de notre ego ! Le dépassement de notre ego est source de joie, la forme d’énergie la plus forte qui soit. Il est vrai que l’égoïsme est difficile à déraciner, parce qu’il tient à l’influence de la matière, dont l’homme n’a pu encore s’affranchir, et tout concourt pour entretenir cette influence. L’égoïsme s’affaiblira avec la prédominance de la vie spirituelle sur la vie matérielle. L’égoïsme est fondé sur l’importance que l’on donne à la personnalité, sur laquelle nous devrions travailler sans relâche, mais il nous faut passer de la conscience égotique à la conscience universelle, voilà un bon projet personnel ! La conscience égotique est duelle : il y a « moi » et le monde. La conscience universelle est non duelle : il n’y a plus de séparation entre « moi » et le monde ! Plus la vie est centrée sur le « je », le « moi », le « mien », plus on est inquiet, car l’ego croit qu’il est bon d’acquérir toujours plus ! L’oubli du moi fait naître la joie, une joie commune et partagée. En chacun, il y a celui qui sait. Cherchons-le et nous serons libérés.
Apprenons à accueillir et à aimer nos fragilités, la faille de l’être est la béance par laquelle la vie nous relie les uns aux autres par amour. Chaque être est doté d’un don lui permettant d’être un soutien, une consolation ou une lumière pour les autres, mais aussi d’une fêlure, d’une fragilité, qui réclame l’aide d’autrui ! « Brisons les chaînes de l’égoïsme pour nous laisser couler dans l’océan de l’humanité, partageons sa dignité. », propose Gandhi.
Certaines étapes sont nécessaires pour se transformer et ainsi améliorer le monde : la prise de conscience, la maîtrise de l’ego, l’élévation de la conscience, ce qui signifie faire attention avec douceur, en appréciant le moment présent, l’amour de soi et des autres. Tout cela permet d’aller ainsi vers la naissance du Soi. Développons ce « programme » en sachant qu’il ne peut s’exprimer que s’il est activé. Ne « croyons » pas cela, mais « soyons » cela. Et participons à la danse joyeuse de la vie !
Cultivons l’émerveillement, l’enthousiasme, ne cessons jamais d’admirer la beauté, l’harmonie et la bonté du monde. Ne finissons jamais, tels des enfants curieux de tout, de nous interroger : l’étonnement est le début de la sagesse, car il nous conduit à nous questionner et à découvrir l’invisible derrière les choses visibles. Sautons de joie, comme un jeune enfant, lorsque nous apprenons une bonne nouvelle, percevons le monde avec des yeux d’enfant, sans chercher à tout expliquer ! En vérité, avons-nous plus de douze ans dans notre tête ? Prenons conscience de la chance que nous avons d’exister. Chaque épreuve devrait être l’occasion de nous découvrir, de nous redéfinir pour mieux habiter sa vie, et l’aimer.
Nous n’avons pas tous la même aisance à faire vibrer la joie de vivre, du fait de nos histoires familiales, de nos expériences, de nos conditions de vie, mais nous avons le devoir, comme le dirait le philosophe Alain, de nourrir cette joie de vivre ! Cultivons la bonne humeur, la gaieté, l’humour. Rien n’est pire qu’un homme sans humour, qui ne voit dans l’existence que le sérieux, le tragique ou l’utile. L’humour ne sert à rien, mais il n’y a rien de plus indispensable à l’existence heureuse. L’humour ne nie pas le tragique, mais le détourne, crée un recul avec la douleur, et peut transformer les larmes en rire. Essayons de rire chaque jour, en commençant par rire de nous-mêmes ! […] »
Par Paul Lefebvre