
L’exercice spirituel dans une voie dans le monde
« Toutes les traditions insistent sur l’importance de pratiquer tous les jours certains exercices spirituels particuliers, qu’il s’agisse de méditation, de prière, de communion, ou autre. Par exemple dans la voie rosicrucienne, les contacts avec le Sanctum Céleste et le Comité Silencieux font partie de ces exercices spirituels. Il s’agit d’exercices dits « de base », non pas qu’ils ne seraient destinés qu’aux débutants, mais parce qu’ils conviennent aux chercheurs de tous niveaux sur le chemin spirituel, puisque le résultat d’un exercice spirituel dépend principalement de la qualité de conscience et de la capacité d’harmonisation avec les plans les plus élevés de l’existence – ou du Cosmique – au moment où la personne pratique cet exercice.
Ainsi l’un des effets de la pratique régulière de ces exercices est de renforcer conscience et lien avec le Cosmique. De plus, le contact établi avec le Cosmique procure, pour un temps limité seulement, un état intérieur à la hauteur du niveau et de la qualité de ce contact. Il existe des exercices spirituels à pratiquer dans un lieu dédié à ce but, et d’autres dans la vie de tous les jours. À titre d’exemple, dans le monde nous pouvons utiliser notre intuition, contempler un paysage ou profi ter d’un concert au point de ne faire qu’un avec lui…
Le vrai défi d’une voie dans le monde consiste, au contact de toutes les personnes et situations que nous pouvons rencontrer, à mettre en place dans notre vie quotidienne les principes spirituels appris lors des études et méditations mystiques. L’expérience montre qu’en général les chercheurs spirituels qui suivent une telle voie ancrée dans le monde n’accordent pas assez d’importance aux exercices spirituels, autrement dit, ne méditent pas autant qu’il leur est proposé dans les enseignements, c’est-à-dire comme il est nécessaire pour entraîner un changement en profondeur de leur être. Cet article pose ainsi la question du pourquoi d’une pratique régulière et comment y parvenir.
Pourquoi méditer ?
Pour répondre à cette interrogation, le mieux est d’en faire l’expérience par soi-même et de noter les réponses à aux questions suivantes : comment se sent-on avant d’avoir pratiqué, et pendant la méditation ? Quel est le ressenti après avoir médité ? Les deux états avant et après sont à comparer. Une méditation « réussie » peut se traduire par une ouverture à ce que l’on ne pouvait concevoir avant, alors qu’on se sentait dans certaines pensées ou situations du monde matériel.
L’exercice est à faire vraiment pour soi-même, car l’usage montre que le mental a tendance à oublier l’état de conscience dans lequel on peut être pendant l’expérience spirituelle. En effet, le mental peut se souvenir des sensations du corps, du mental, des émotions mais pour se souvenir de ce qui touche à l’âme elle-même, il faut faire appel à un niveau de conscience qui transcende le mental. C’est d’ailleurs pourquoi ce dernier ne peut se souvenir ni des vies antérieures, ni de l’Amour spirituel ou Agapé. Quoi qu’il en soit, en notant et remarquant des changements positifs dans les pensées, les émotions et le corps suite à l’exercice mystique, cela revient en fait à lister les bienfaits que ce dernier procure, et donc concrètement de réaliser le bonheur que l’on peut retirer d’une telle expérience, dont la mise en pratique ne dépend vraiment que de soi. En se remémorant ce que la méditation apporte de positif, on change l’état d’esprit du « devoir méditer » en « plaisir de méditer ».
Certains non-méditants pourront objecter que c’est trop simple pour être vrai. Et pourtant, s’ils essayaient ? Oui, s’ils essayaient, cela changerait leur vie, comme cela a changé la vie de tant de pratiquants sur différentes voies, puisque l’élévation de conscience change la façon dont on peut voir le monde et la vie en général.
Ainsi convaincu qu’élever sa conscience vers la conscience cosmique a un effet certain et positif, le chercheur ne s’arrête pas là, car il réalise que son état de conscience habituel n’est qu’un état de conscience limité par rapport à ce qu’il a connu lors de ses périodes d’expériences mystiques, et que le but du chemin est de vivre dans l’état de conscience le plus élevé possible à chaque instant. Pour y parvenir, il est possible de prolonger l’état d’élévation entre deux périodes de méditation régulière, par le surcroît de conscience et donc d’énergie avec lesquels on s’est rechargé. C’est le même principe que les phases de charge et de décharge d’une batterie : il faut accumuler de l’énergie avant de pouvoir la restituer dans la vie, sur les plans physique, psychique et spirituel.
Comme vu plus haut, il est très difficile de se souvenir de l’état dans lequel on se trouve en communion avec les plus hauts plans du Cosmique. Aussi, il est nécessaire à l’homme incarné de communier fréquemment avec le Cosmique, autrement dit de répéter les méditations très régulièrement pour se rapprocher du but qu’il s’est fi xé, et à chaque fois approfondir cet état de méditation, ou aller plus loin dans la découverte de sa demeure intérieure. »
par Hervé Simonin, revue « Rose-Croix », Printemps 2017.