« L’être humain recherche la beauté et l’harmonie dans la vie corporelle, intellectuelle et spirituelle. Pourtant les hommes, en général, sont si intéressés par l’argent et si attachés à la terre que souvent ils négligent d’observer l’harmonie des sons et des couleurs. Certains cependant comprennent le rôle que la forme, le son et la couleur jouent dans leur vie et l’importance des rythmes.
Nous sommes sous l’influence des rythmes de nos cinq sens. Pour assurer notre santé et notre existence, nous avons besoin de l’harmonie de tous les mouvements corporels. La respiration, l’activité du cœur, les mouvements des muscles et l’impulsion des nerfs obéissent à des rythmes.
Tout comme la musique, la vie se compose de mouvements et de vibrations, et toutes deux peuvent être harmonieuses ou non. Dans le mouvement universel, il y a des formes et des variations, nous avons aussi en nous une quantité de vibrations dont nous n’avons pas conscience.
Toutes les vibrations sont exprimées en octaves et chaque octave est divisée en sept degrés principaux. On trouve dans la gamme ces sept notes : do, ré, mi, fa, sol, la, si. Nous pouvons entendre onze octaves, lesquelles commencent à être perçues par une personne normale à partir de 16 vibrations à la seconde mais l’être humain peut avoir une capacité d’audition jusqu’à 32.768 vibrations à la seconde.
Magnificence des sons et des couleurs
La musique et les couleurs ont des tonalités de base qui ont des vibrations différentes. Nous voyons dans une octave que nous appelons « spectre ». La lumière à 500 tri millions de vibrations à la seconde, du rouge au violet, et l’être humain a des yeux si entraînés qu’il peut percevoir des vibrations à un million de centimètres, ce qui lui permet de différencier ce que nous appelons les couleurs. L’octave de la lumière s’exprime par le rouge, l’orange, le jaune, le vert, le bleu, l’indigo et le violet. Les couleurs, comme la musique, ont leur harmonie et leur dissonance ; elles provoquent certains états. Le rouge, le jaune et l’orange sont des couleurs excitantes, par contre le bleu, le vert, l’indigo et le violet exercent un effet calmant.
La musique et les couleurs nous élèvent au-dessus des vibrations de la matière, elles ne nous conduisent pas seulement à une élévation spirituelle mais aussi nous approchent des régions occultes et disons, célestes.
Effets sur les états d’âme
De tous les arts, la musique est celui qui agit le plus dans le domaine émotionnel. Nos émotions primitives se manifestent par réaction de glandes déterminées. Certains sons produisent en nous des émotions comme la peur, la haine, l’amour ou la colère, rendues sensibles avant que l’on puisse les formuler. Beaucoup de langages expriment certaines sensations par des sons similaires (par exemple le mot « froid » a son approchant dans de nombreuses langues ; « frieren » en allemand, « fru » en japonais, « freeze » en anglais, etc.). La musique primitive est basée le plus souvent sur une ou deux consonances exprimées sur un rythme. Cette musique très simple mais très rythmée par des sons répétés constamment est à même de déclencher la violence et la sauvagerie, ou de véritables états de dédoublement.
La musique, comme la médecine, date des temps préhistoriques. Le tam-tam qui déclenchait l’enthousiasme guerrier était aussi l’instrument principal des médecins primitifs. Les occultistes affirment que le sorcier ou le prêtre chantait un certain air aux agonisants pour rompre la corde d’argent qui les tenait enchaînés à la terre. La musique se sert de l’action de résonances différentes par leur tonalité, leur force, leur volume et les gradations harmoniques. Les chants, par exemple, sont des résonances vibratoires consonantes et harmoniques. Un trémolo est une dissonance et un désaccord. Le chanteur qui sait produire de vrais sons vibratoires est agréable à entendre, celui qui ne peut pas tenir le son provoque en nous une sensation désagréable.
L’estimation d’une mélodie dépend du degré de culture, des conventions, des coutumes et de la mode. Les personnes qui ne connaissent pas la théorie musicale apprécieront moins la partie technique. Jusqu’au XVIIIe siècle, la musique était pour la plupart une affaire personnelle. Peu à peu, des instruments nouveaux furent découverts, l’orchestre avec toutes ses finesses techniques évolua et la musique devint presque une religion. Aujourd’hui, elle est partout : à l’église, dans les salles de concert et de danse et dans chaque foyer.
Bien pauvre est celui qui n’a pas le goût de la musique car même les insectes, les animaux et en particulier les oiseaux, ont une notion de la musique et produisent un grand nombre de sons mélodieux. De nombreux animaux sont sensibles aux sons et couleurs.
Le son de base individuel
Chacun a sa note de base et il est démontré que l’on peut apaiser un petit enfant en pleurs si l’on réussit à trouver sa note de base et à la chanter. Plus le son de base sera répété, plus fort sera l’effet produit sur le sujet en question. Indiquons certains sons par une lettre : si le son de base est le G qui correspond à la couleur bleu, il s’agira d’une personne religieuse qui sera influencée par la plupart des musiques spirituelles. Une personne dont le son de base est le C correspondant au rouge, puisera dans un morceau de musique actif et énergétique. Un grand maître de musique, violoniste, disait qu’il jouait auparavant à ses élèves les sons de base correspondant à leur état d’âme quand il voulait les amener à un point particulier. On peut avoir des états d’âme différents selon les périodes. Donc les sons de base diffèrent. Souvent, des états d’âme changeants peuvent provoquer des dissonances et désaccords.
Influence de la musique et des couleurs sur la santé
Nous commençons seulement à apprendre pourquoi et comment les odeurs, les couleurs, les saveurs et les sons, influencent le rythme du corps et de l’esprit et élèvent ou abaissent le moral. La musique inharmonieuse, la haine, l’angoisse, la colère et la jalousie se composent de vibrations non rythmées et destructives. Les sons vulgaires sont déprimants. Une musique agréable aide à la digestion et influence la circulation sanguine en abaissant la pression du sang. Elle fortifie le système glandulaire. On trouve aisément dans une musique la passion qui agissait lors de la création du morceau. Le Jazz a un effet revigorant.
La musique atteint le subconscient. La conscience objective n’en perçoit pas toujours l’effet, pourtant, comme les rayons X, la musique met en activité certaines cellules du corps, des glandes et des muscles déterminés. C’est ainsi que le fait de se mettre à chanter stoppe le bégaiement. L’histoire a tenu compte de la musique et de ses effets sur l’être intérieur. Ainsi Saül, premier roi du peuple d’Israël, avait un tempérament violent que David calmait par son adresse à la harpe.
Le son de la flûte était recommandé par les sages de l’antiquité. Démocrite, entre autre, affirmait que pour de nombreuses maladies, le son de la flûte était le meilleur remède.
En Allemagne, il fut un temps ou une danse appelée vertstanz déchaînait les passions, aussi il fallait parfois commander aux musiciens un morceau de musique particulier pour calmer les danseurs.
Le Dr Robert Schauffler préconisait une méthode musicale capable, selon lui, de guérir. Pour les dépressions, il recommandait la Walkyrie de Wagner — pour calmer les nerfs il faisait interpréter le Carnaval de Dvorak, pour le surmenage c’était la Moldau de Smetana ou quelques lieders de Grieg : Pour les chagrins, les œuvres de Chopin et Beethoven et également un concert de violoncelle de Dvorak. La musique de Bach était réservée aux lendemains peu glorieux qui suivaient les abus d’alcool. Les valses de Chopin calmaient les insomnies. Il apaisait le mécontentement par le chant des pèlerins dans Tannhauser de Wagner et utilisait les Maîtres Chanteurs dans les cas de jalousie.
La médecine musicale a prouvé que la musique douce peut réduire la fièvre. Des sons prolongés peuvent également combattre la surdité et l’angoisse peut être surmontée par la musique militaire. Les valses, polka ou masurkas font disparaître de façon impulsive l’indolence mais la musique ne s’avère pas être un remède unique. Elle n’est qu’une aide à d’autres traitements.
Nous voyons que la musique peut être un moyen de guérison. Elle peut chasser une dépression nerveuse, être une aide pour la digestion, aider tout le système psychique de l’être humain et son instinct créateur. »
par Maria Elena AKERIB – Extrait de la Revue Rose-Croix n°61